07 décembre, 2013

Visite “ad limina” : l'effondrement du catholicisme néerlandais

En visite ad limina à Rome, les évêques néerlandais ont fait savoir au pape François la profondeur de la crise de l’Eglise catholique aux Pays-Bas, l’exode des fidèles et des pratiquants ayant atteint des proportions critiques.

Cardinal Eijk
Le cardinal Willem Eijk, archevêque d’Utrecht, s’en est ouvert au micro de Radio Vatican en LifeSiteNews.
soulignant que des centaines d’églises catholiques sont aujourd’hui menacées de fermeture et que l’Eglise « qui est aux Pays-Bas » est au bord de l’effondrement après s’être « sécularisée de manière drastique », rapporte Hilary White sur

Le nombre de catholiques pratiquants continue de diminuer. « Pendant les années 1950, 90 % des catholiques allaient encore à l’Eglise tous les dimanches. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 5 %. »
Cela a des conséquences matérielles : l’Eglise catholique ne reçoit aucune subvention publique, ne vivant que du denier du culte et des dons volontairement versés par les fidèles. « C’est pourquoi nous sommes forcés à fermer de nombreuses Eglises », a-t-il expliqué.

Et de citer de récentes statistiques selon lesquelles en 2010, seuls 16 % des Néerlandais s’identifient comme catholiques, une proportion qui devrait, sauf miracle, tomber à 10 % d’ici à 2020 – date à laquelle l’islam prendra le rang de deuxième religion des Pays-Bas, devant les protestants qui devraient se situer alors à 4, ou au maximum 5 %.

Le pape François, a précisé le cardinal Eijk, a réagi à ces chiffres catastrophiques en exhortant les évêques néerlandais à « ne rien lâcher ».  « Vous devez garder courage et surtout l’espérance que le Christ nous a donnée. Cette espérance ne déçoit jamais », a dit le pape François, cité par le cardinal.
Quelles raisons à ce déclin ? S’il n’a commencé à se rendre palpable qu’au cours des années 1960, il se devinait dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale, a souligné le cardinal Eijk : on pouvait alors voir des « problèmes » même chez les catholiques alors que les protestants avaient commencé à décrocher dès le début du XXe siècle : l’Eglise « perdit sa relation avec la doctrine de la foi et ne touchait plus la vie quotidienne des gens ».

Autrement dit, la crise que nous vivons prend racine dans une crise de l’autorité et de l’enseignement fidèle de la doctrine. Il est vrai qu’aux Pays-Bas catholiques – naguère le premier fournisseur mondial de missionnaires – la promotion du Nouveau catéchisme et les attitudes lénifiantes du clergé à l’égard des exigences morales de l’Eglise sur le plan des mœurs notamment ont fait beaucoup pour persuader les catholiques que tout allait très bien et qu’il ne fallait pas s’en faire.

Aujourd’hui, aux termes d’une estimation de l’association « Avenir du patrimoine religieux » (The Future of Religious Heritage), publié en 2010, 600 à 700 églises catholiques néerlandaises seront fermées au culte d’ici à cinq ans. Actuellement, les églises ferment au rythme de deux par semaine en moyenne, faute de paroissiens ou de pratiquants. Le rapport, établi sur des chiffres de 2008, prévoit également la fermeture de 150 des 170 moanastères et maisons religieuses actives cette année-là à l’horizon de 2018.

Interrogé sur cet état de fait, le cardinal Eijk a expliqué que dans son propre diocèse d’Utrecht, les 326 paroisses existantes sont en train d’être fondues en 49 conglomérats territoriaux, au sein desquels une seule église est désignée comme « Centre eucharistique ». « Nous n’avons pas assez de prêtres aujourd’hui pour célébrer la messe dans chaque église, nous centralisons donc la célébration dans une seule », a-t-il déclaré.

Cet effondrement de la pratique va de pair avec la chute vertigineuse des mariages religieux : « Aux Pays-Bas, il y a beaucoup de couples gays, des couples qui cohabitent, et de moins en moins de mariages religieux catholiques. Il s’agit d’une chute considérable qui indique clairement que le soin pastoral de la famille doit être une priorité dans notre pays », a-t-il indiqué. Et d’affirmer la volonté de l’Eglise de demeurer ferme et audible dans sa condamnation de l’avortement et de l’euthanasie.
Le pape François, dans son discours aux évêques néerlandais, a mis l’accent sur l’« éducation des consciences » qui est aujourd’hui primordiale vu le « vide spirituel » de leur pays fortement laïcisé, en soulignant qu’il était important que les catholiques soient là où les décisions sont prises.

Mais comment faire, dans un contexte où « la doctrine de la foi », comme le dit le cardinal Eijk, est désormais si mal connue et où les développements les plus extrêmes de la culture de mort se sont imposés parmi l’indifférence générale – quand ce n’était pas l’adhésion au nom de la tolérance ?

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